Qu’est-ce que c’est que le patrimoine culturel ?
Dérivé du mot latin ‘’patrimonuim’’ le patrimoine signifie les biens que l’on a hérités de ses ascendants. Il peut s’agir d’un costume, d’un bâtiment, d’un mobilier, d’un manuscrit, d’une gravure, d’un métier traditionnel, d’une recette de cuisine, un art particulier, etc. Ces biens constituent notre héritage, notre fortune familiale et représentent des valeurs à nos yeux. De même, le patrimoine culturel d’une communauté c’est l’ensemble des biens culturels qu’une communauté tient des générations qui lui ont précédé.
Au plan international la convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel adoptée par la Conférence générale de l’UNESCO à Paris le 16 novembre 1972 et accepté par le Mali depuis 1977 a donné une dimension internationale à la notion de patrimoine culturel. Aux termes de cette convention sont considérés comme patrimoine mondiaux : « − les monuments : œuvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentales, éléments ou structures de caractère archéologique, inscriptions, grottes et groupes d'éléments, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science, − les ensembles : groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, de leur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science, − les sites : œuvres de l'homme ou œuvres conjuguées de l'homme et de la nature, ainsi que les zones y compris les sites archéologiques qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique. »
Au plan national Aux termes de la Loi no 2022-034 du 28 juillet 2022 fixant le régime de la protection et de la promotion du patrimoine culturel national (abroge les Loi no 85-40/AN-RM du 26 juillet 1985 et loi No 10061 du 31 décembre 2010) ‘’on entend par patrimoine culturel national l’ensemble des biens culturels matériels et immatériels qui, à titre religieux ou profane, revêtent pour l’Etat, les Collectivités territoriales, les communautés, groupes et individus, une importance pour l’histoire, l’art, la pensée, la science et la technique.’’
Patrimoine culturel matériel Il s’agit du patrimoine culturel tangible (que l’on peut toucher). Par exemple la mosquée de Djenné, le tombeau des Askia à Gao, la mosquée de Djingareiber à Tombouctou qui sont des bâtiments en terre, les anciens manuscrits de Tombouctou. Le patrimoine matériel peut donc être meuble (que l’on peut faire déplacer) ou immeuble (que l’on ne peut pas déplacer).
Patrimoine culturel immatériel : Il s’agit du patrimoine culturel intangible (que l’on ne peut pas toucher). La convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel adopté en 2003 par la conférence générale de l’UNESCO et ratifié par le Mali en Juin 2005 définit ce type de patrimoine comme étant « les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. » Par exemple le Sanké mon rite de pêche traditionnelle dans le Sanké, la Société secrète des Koredugaw, la charte du Mandé ou charte de Kouroukanfouga, etc.
Patrimoine mixte : Un bien est dit mixte lorsqu’il combine des éléments culturels et naturels. Nous pouvons citer exemple le Pays Dogon qui regorge à la fois des éléments culturels (masques, rites) et naturels (falaises, habitats traditionnels).
Le patrimoine culturel national à l’image du patrimoine familial est un héritage que nous tenons depuis un certain temps de nos prédécesseurs et que nous voulons garder jalousement parce qu’il représente à nous yeux une valeur exceptionnelle sentimentale, émotionnelle, historique et pourquoi pas économique. Le patrimoine culturel est important à plusieurs égards. Il est :
L’homme a besoin de connaitre de se connaitre, de connaitre d’où vient pour pouvoir éviter beaucoup d’erreurs, apprendre de l’expérience des autres et trouver des sources d’inspiration pour l’accomplissement de ses idéaux. Le patrimoine culturel présente toutes ces possibilités à l’homme et à la nation. C’est un socle sûr sur lequel on peut bâtir à condition de prohiber le fanatisme et l’extrémisme car les civilisations peuvent être anciennes les unes plus que les autres mais elles se valent toutes. Toutes les patrimoines sont riches à leurs façons et procurent des émotions à leurs légataires. Chaque monument, chaque chant traditionnel ou chaque épopée nous enseigne une chose : l’homme est un génie, lorsqu’il est animé d’un désir (amour, désir de gloire, science, foi), il peut accomplir des grandes choses et laisser des traces.
AU NIVEAU NATIONAL
Constitution du 22 juillet 2023
La protection du patrimoine culturel au Mali a une dimension constitutionnelle. Elle était déjà i inscrite dans la constitution du 25 février 1992 et reprise dans la nouvelle promulguée le 22 juillet 2023 rappelle dès son préambule la richesse de la diversité culturelle, linguistique et religieuse du mali et ‘’Fier de son histoire millénaire et de ses ancêtres ; Héritier de grands empires et royaumes bâtis sur des valeurs socioculturelles endogènes devant inspirer les générations présentes et futures ;’’ le Peule malien est également ‘’ Résolu à valoriser le patrimoine culturel, matériel et immatériel et à préserver les ressources naturelles du territoire pour les générations présentes et futures ;’’ (Préambule de la Constitution du Mali)
Loi no 2022-034 du 28 juillet 2022
La protection du patrimoine culturel est définie et règlementée par la loi no 2022-034 du 28 juillet 2022 fixant le régime de la protection et de la promotion du patrimoine culturel national. Cette loi abroge les Loi no 85-40/AN-RM du 26 juillet 1985 et loi No 10061 du 31 décembre 2010. Cette loi définit la notion de patrimoine culturel au Mali et fixe le régime de sa protection nationale. En ses termes, Un bien culturel est sous protection nationale, lorsqu’il est inscrit à l’inventaire ou classé dans le patrimoine culturel national. (Art.3). Article 5 : La protection englobe l’ensemble des mesures juridiques, scientifiques, techniques, sécuritaires, administratives et financières adéquates pour l’identification, la sauvegarde, la conservation, la mise en valeur et la réhabilitation du patrimoine. (Art.5). La protection du patrimoine culturel national est assurée par l’Etat, les Collectivités territoriales et les communautés détentrices de ce patrimoine. (Art.6). Pour qu’un bien soit protégé il faudra soit l’inscrire à l’inventaire ou le classer dans le patrimoine culturel national. L’inscription à l’inventaire consiste en l’enregistrement d’un bien culturel meuble ou immeuble appartenant à l’Etat, aux Collectivités territoriales ou aux particuliers qui, sans nécessiter un classement immédiat dans le patrimoine culturel national présente, au point de vue de l’histoire, de l’art, de la pensée, de la science ou de la technique, un intérêt justifiant sa préservation. (Art.8). Cette inscription entraine, pour le propriétaire, le détenteur, l’occupant ou le responsable du bien culturel, l’obligation d’informer l’autorité compétente, au moins un mois avant d’entreprendre tout acte de destruction, de transformation, de réparation, restauration ou de reconstruction du bien. (Art.11). Le classement d’un bien culturel dans le patrimoine culturel national est l’acte par lequel l’Etat reconnaît la valeur exceptionnelle de ce bien culturel. Le bien culturel classé est inscrit sur un registre tenu à cet effet par l’autorité compétente. (Art.14). L’exportation d’un bien culturel proposé au classement est interdite. (Art.14). Le classement d’un bien culturel dans le patrimoine culturel national impose des restrictions au droit de propriété et à ses démembrements. Un bien classé ne peut être détruit avant déclassement, ni faire l’objet de travaux de restauration ou de modification sans le consentement de l’autorité compétente qui assure le contrôle de l’exécution desdits travaux. Les biens classés appartenant à l’Etat et aux Collectivités territoriales sont incessibles et inaliénables. (Art.22,23 et 24). La profanation d’édifices, destruction volontaire de bien culturels, pillage de sites La soustraction de pièces de collections publiques sont punis d’amendes et de peines d’emprisonnement (Art. 43 et 44 et 45).
LOI N°2018-026 du 14 mai 2018
Cette loi est relative à la profession de négociant en biens culturels et abroge la Loi No 86-61 du 26 juillet 1986. Le premier article définit le négociant en biens culturels comme ‘’ toute personne physique ou morale ayant pour profession d’acquérir, de collecter et de vendre à son propre compte des biens culturels n’appartenant pas au patrimoine culturel national tels que définis par la réglementation relative à la protection et à la promotion du patrimoine culturel national. Lorsque l’activité est exercée par une personne morale, le responsable doit avoir la qualité de négociant en biens culturels. L’exerce de la profession de négociant en biens culturels requiert certaines conditions (être âgé de 18 ans au moins s’il s’agit d’une personne physique ; être immatriculé au registre du commerce et du crédit mobilier ; avoir un agrément ; être domicilié ou avoir son siège social au Mali ou dans l’espace UEMOA et y avoir un lieu fixe de stockage ou de vente. Cet exercice est incompatible avec celui d’agent de voyage, de responsable ou agent de musées publics ou du patrimoine culturel. (Art. 4 et5) Toute exportation de biens culturels est soumise à l’obtention préalable d’un certificat d’exportation. La loi interdit également La prospection, la commercialisation et l’exportation des biens culturels provenant des sites archéologiques (Art. 8 et 10)
Décret no 203-PG RM du 13 aout 1985
Ce décret institue une commission nationale de sauvegarde du patrimoine culturel. Cette commission est consultée sur toute proposition de classement par le ministère en charge de la culture et également sur toutes les questions relatives à la sauvegarde du patrimoine culturel national. Présidé par le Ministre en charge de la culture.
Décret no 275 PG RM du 04 novembre 1985
Aux termes du présent décret on entend par fouilles ou sondages archéologiques toute excavation pratiquée sur un site archéologique aux fins de la connaissance de l'histoire et de la culture matérielle. Les fouilles archéologiques sont soumises à l'autorisation préalable du Ministère en charge de la culture qui reçoit la demande d’autorisation et l’examine en collaboration avec le ministre en charge de la recherche scientifique (art 2 à 5) Les objets meubles ou immeubles ici de ces fouilles restent propriétés de l’Etat. Lorsque les découvertes sont effectuées sur ou dans le sol du domaine des collectivités locales ou des établissements publics appartenant à des particuliers, personnes physiques ou morales de droit privé, la propriété des découvertes de caractère mobilier est partagée entre 1'Etat et le propriétaire du terrain suivant les règles du droit commun. En cas d'accord particulier prévoyant une répartition des objets découverts entre 1'Etat et une autre partie, cette répartition doit se réaliser de telle sorte que soient attribués à 1'Etat les objets en exemplaires uniques ou rares. (art 11 à 14). Il existe d’autres décrets, notamment les décrets portant classification des sites au patrimoine national et des arrêtés ministériels et interministériels fixant des la modalités d’application des lois ou modalités de fonctionnement des services de protection du patrimoine.
AU NIVEAU INTERNATIONAL
Il existe plusieurs conventions, déclarations et chartes relatives à la protection et à la promotion du patrimoine culturel qui ont été ratifiés ou acceptés par la plupart des s du monde. Ces textes traduisent la volonté des nations et de leurs Etats à conserver leurs biens culturels, assurer leur transmission, leur sécurité et leur inclusion dans les programmes et politiques de développement. Les biens culturels tout comme les conflits dépassent souvent également les frontières nationales et impliquent plusieurs états, d’où la nécessité d’une coopération culturelle et juridique supranationale entre les s sur la définition des biens et les mesures globales de protection. Le droit international intervient dans ce cadre et situe les obligations des uns et des autres. Sans être exhaustif, nous pouvons citer les instruments internationaux suivant :
Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel adopté par l’UNESCO à Paris le 16 novembre 1972 (ratifié par le Mali en Avril 1977) C’est la convention mère du patrimoine mondial suite au constat que le patrimoine culturel et naturel subit non seulement des dégradations naturelles mais aussi des dégradations volontaires ou inventaires du fait de l’homme et de ses activités de développement ou des conflits armés. Elle définit le patrimoine mondial, les cirières fondamentaux de sélection (valeur universelles , authenticité et intégrité des biens) les Etats parties à Convention reconnaît l'obligation d'identifier, protéger, conserver, transmette et mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel à travers la création de services dédiés, l'intégration du patrimoine dans les programmes de planification générale, des études et recherches scientifiques et techniques sur les méthodes de sauvegarde, des formations, des mesures administratives et juridiques, etc. La convention institue le Centre du Patrimonial pour favoriser la coopération entre les états et l’assistance internationale. Il crée également un fonds, le fonds du patrimoine mondial alimenté par les contributions obligatoire et volontaires des états et d’autres donateurs. Nous pouvons distinguer trois listes instituées par cette convention : La liste indicative : c’est la liste des biens culturels que chaque Etat propose et juge susceptible d’être classés sur la liste du patrimoine mondial. Ces biens doivent être au préalable être inventoriés et classé au niveau national La liste du patrimoine mondial : c’est la liste des biens inscrits au patrimoine mondial par le comité intergouvernemental selon des critères bien définis dans les orientations devant guider la mise en œuvre de la convention Liste du patrimoine mondial en péril : la liste des biens classés qui sont sous la menace de destruction ou de disparition
Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels adopté à Paris le 14 novembre 1970 (ratifié par le Mali en avril 1987)
Dans cette convention les Etats parties reconnaissent que’’ l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels constituent l'une des causes principales de l'appauvrissement du patrimoine culturel des pays d'origine de ces biens, et qu'une collaboration internationale constitue l'un des moyens les plus efficaces de protéger leurs biens culturels respectifs contre tous les dangers qui en sont les conséquences. ‘’ Ils s’engagent à combattre le phénomène à travers des institutions dédiées, des textes législatifs et réglementaires, des inventaires nationaux et des contrôles des fouilles archéologiques et des certificats d’exportations.
Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, adopté à Paris le 2 novembre 2001 (ratifié par le Mali en mars 2021)
Au terme de cette convention, le patrimoine culturel subaquatique est reconnu comme partie intégrante du patrimoine de l’humanité et nécessitant une protection particulière. Aux fins de cette convention On entend par "patrimoine culturel subaquatique" toutes les traces d'existence humaine présentant un caractère culturel, historique ou archéologique qui sont immergées, partiellement ou totalement, périodiquement ou en permanence, depuis 100 ans au moins,'' l’alinéa 5 et 6 de l’article 2 stipulent clairement que la conservation in situ doit être privilégiée et que toute exploitation commerciale doit être refusée. Également l’accès à ces biens doit être responsable et inoffensif vu les vulnérabilités et l’environnement de ces biens. Les etats sont encouragés à conclure des accords bilatéraux, régionaux ou multilatéraux pour une meilleure conservation car les eaux dépassent très souvent le cadre territorial ou la zone économique exclusive.
Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adopté par l’UNESCO à Paris le 17 octobre 2003 (ratifié par le Mali en Juin 2005)
Cette convention définit le patrimoine immatériel, reconnait ses liens avec le patrimoine matériel et, son rôle dans le rapprochement des peuples le rôle prépondérant que les communautés jouent dans sa conservation et sa transmission. Cette convention crée le comité du patrimoine mondial immatériel. Elle encourage les s à définir et inventorier les éléments qui constituent son patrimoine immatériel avec l’implication la plus large possible des communautés locales. Elle institue deux listes : Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité : établie par le comité sur proposition des Etats parties concernés pour faire connaitre le patrimoine culturel immatériel Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente : elle est établie par le comité pour prendre des mesures de sauvegarde à la demande de l' Etat partie concernée .
Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, avec Règlement d'exécution, à adopté à La Haye le 14 mai 1954, avec un premier protocole (14mai 1954) et un deuxième (26 mars 1999) (ratifié par le Mali en Mai 1961 et adhésion au 2eme protocole en novembre 2012)
Dès le préambule, les s expriment leur conviction que ‘’que les atteintes portées aux biens culturels, à quelque peuple qu'ils appartiennent, constituent des atteintes au patrimoine culturel de l'humanité entière, étant donné que chaque peuple apporte sa contribution à la culture mondiale ; Aux fins de cette convention, sont considérés comme biens culturels, quels que soient leur origine ou leur propriétaire : a. Les biens, meubles ou immeubles, qui présentent une grande importance pour le patrimoine culturel des peuples, tels que les monuments d'architecture, d'art ou d'histoire, religieux ou laïques, les sites archéologiques, les ensembles de constructions qui, en tant que tels, présentent un intérêt historique ou artistique, les œuvres d'art, les manuscrits, livres et autres objets d'intérêt artistique, historique ou archéologique, ainsi que les collections scientifiques et les collections importantes de livres, d'archives ou de reproductions des biens définis ci-dessus; b. Les édifices dont la destination principale et effective est de conserver ou d'exposer les biens culturels meubles définis à l'alinéa a, tels que les musées, les grandes bibliothèques, les dépôts d'archives, ainsi que les refuges destinés à abriter, en cas de conflit armé, les biens culturels meubles définis à l'alinéa a.; c. Les centres comprenant un nombre considérable de biens culturels qui sont définis aux alinéas a. et b., dits « centres monumentaux ». Deux mesures majeures sont énoncées la sauvegarde et le respect des biens culturels : il s’agit de sauvegarder les biens après les conflits et de les protéger en temps de guerre contre les pillages, les détournements, etc. Les biens culturels devront être munis du signe distinctif de la convention qui permet leur identité et peuvent être placés sous protection spéciale.
Convention de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux adoptés à Genève le 8 juin 1977
Le Protocole I et II additionnels (ratifiés par le Mali en 1989) à cette convention interdisent dans les Article 53 (pour le Protocole I) et Article 16 (pour le protocole II) de commettre des hostilités contre biens culturels et les lieux de culte ou d’utiliser ces biens à l’appui de l’effort militaire ou à des fins de représailles. Sauvegarder le patrimoine est aussi une action humanitaire tout comme sauver les vies humaines.
Au niveau national
La Direction Nationale du Patrimoine Culturel DNPC :
c’est le service public central dédié à la protection et à la conservation du patrimoine culturel au Mali. Crée par l’ordonnance N°0I- 027/P-RM du 2 août 2001, elle a pour mission d’élaborer les éléments de la politique nationale dans le domaine du patrimoine culturel et d’assurer la coordination des services rattachés et le contrôle technique des services régionaux et subrégionaux. A cet effet, elle est chargée d’identifier et inventorier les éléments du patrimoine culturel sur toute l’étendue du territoire national, de protéger, restaurer et promouvoir le patrimoine culturel national et de veiller à la diffusion des informations sur le patrimoine culturel national.
Le Musée National est créé par la Loi 83-53 AN-RM modifiée par l’ordonnance N. 90-43/P-RM du 6 juin 1990. Ses missions sont : la collecte, la conservation et la diffusion du patrimoine culturel national archéologique, traditionnel et contemporain sous forme de biens culturels, de documents iconographiques et audiovisuels, la participation à la recherche muséographique, la participation à la protection culturelle nationale, la participation à la recherche scientifique dans le domaine de l'archéologie de l'histoire et de l'ethnologie, la participation à la conception et au suivi des musées régionaux et locaux, la formation des agents des musées régionaux et locaux, l'acquisition, la conservation et la diffusion des films produits sur le territoire malien ou sur le Mali, l'acquisition des films africains et étrangers ayant une valeur artistique, culturelle, historique ou sociale, la promotion de la diffusion des films étrangers au Mali, l'animation cinématographique au sein des masses populaires,
L’institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamiques Ahmed Baba de Tombouctou
Successeur de l’ex centre Ahmed baba pour la documentation et la recherche ouvert depuis 1973, l’IHERIAB a été crée par l’ordonnance N°044-/PR-M du 30 septembre 1999. Les principales missions de l’IHERI-AB sont : Prospecter, collecter et inventorier les manuscrits anciens ; Restaurer les manuscrits dégradés ; Procéder à tous les travaux de conservation (catalogage, microfilm, numérisation, etc.) selon les normes scientifiques modernes ; Valoriser le contenu des manuscrits à travers des publications (revues, études critiques, etc.) ; Faire connaitre à travers une documentation authentique la culture africaine dans son expression arabe et servir de plaque tournante ;
Les Missions Culturelles
Ce sont des services régionaux rattachés à la DNPC et sont en charge d’assurer sur le terrain la mise en œuvre de la politique nationale en matière de préservation et de valorisation des sites classés au patrimoine national et/ou au patrimoine Mondial de l’UNESCO. Elles sont au nombre de 4 et sont implantées à Gao, Tombouctou, Djenné, Kayes et Essouk (Kidal).
La Bibliothèque Nationale
La Bibliothèque Nationale est créée par la loi N° 83-51/AN-RM du 17 mars 1984 puis erigé en service public central à caractère administratif et professionnel dénommé Direction Nationale des Bibliothèques et de la Documentation par l’ordonnance N°01-028/P-RM du 02 août 2001. Ses misions sont : élaborer les éléments de la politique nationale en matière de bibliothèque et de documentation et d’exercer le contrôle technique sur les bibliothèques et les centres de documentation. Acquérir, conserver, communiquer et diffuser la totalité de la production éditoriale nationale ; Susciter des actions de promotion pour la filière du livre ; Coordonner l’offre documentaire au Mali ; Évaluer les actions menées dans la mise en œuvre de la politique de lecture publique et de centres de documentation ; Constituer un cadre permanent de rencontres, d’échanges, de formation et de coopération pour les professionnels des métiers du livre et de la lecture.
Archives Nationales
Crée par lloi no 02-51 du 28 mars 2002, la DNAM a pour mission d'élaborer les éléments de la politique nationale en matière d'Archives et d'assurer la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre. A ces services s’ajoutent d’autres entités privées ou communautaires qui gèrent et protègent le patrimoine culturel au quotidien, notamment les musées municipaux et régionaux et les bibliothèques familiales de manuscrits qui sont plus d’une vingtaine. on peut citer a titre d’exemples la Bibliothèque Fondo Kati, la Bibliothèque Mama Haidara, la Bibliothèque Ben Essayouti, la Bibibliothè que Alwangari, le Musée de Tombouctou, le Musée du Sahel à Gao, le Musée du Centre Sénoufo de Sikasso.
Au plan international
Plusieurs organisations gouvernementales et non gouvernementales internationales concousrent à la protection et à la valorisation du patrimoine culturel. On peut citer entre autres :
UNESCO
L’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture depuis sa création en 1945 se bat pour ‘’construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes’’ à travers le soutien aux systèmes et programmes éducatifs des nations, la promotion de la tolérance, de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, le développement des sciences et la sauvegarde des cultures, y compris la sauvegarde du patrimoine culturel. Le patrimoine occupe une place importance dans les objectifs de l’UNESCO. L’UNESCO a adopté la convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel depuis 1972 , a crée le centre du patrimoine mondial pour coordonner au sein de l’UNESCO toutes les activités relatives au patrimoine mondial. La Liste du patrimoine mondial comporte 1223 biens constituant le patrimoine culturel et naturel que le Comité du patrimoine mondial considère comme ayant une valeur universelle exceptionnelle Cette Liste comprend 952 biens culturels et 231 sites naturels et 40 mixtes Site mixte répartis dans 168 Etats parties (source UNESCO) Site web : www.unesco.org
ICOMOS crée en 1965 Le Conseil International des monuments et sites est une association mondiale non gouvernementale qui œuvre pour la conservation des monuments et sites dans le monde. Site web : www.icomos.org
ICOM L’ICOM est une association de membres et une organisation non gouvernementale qui établit des normes professionnelles et éthiques pour les activités des musées. En tant que forum d’experts, il formule des recommandations sur des questions liées au patrimoine culturel, promeut le renforcement des capacités professionnelles et fait progresser la connaissance dans le domaine. Site web : www.icom.museum
Fédération Internationale des Associations et Institutions de Bibliothèques (IFLA) Elle œuvre au niveau international pour la défense des bibliothèques, centres de documentations, leurs usagers et fait la promotion des livres et de la lecture Site web : www.ifla.org
Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) : ICCROM œuvre pour la restauration et la conservation du patrimoine culturel sous toutes ses formes a travers un réseau d’experts. ICCROM forme, informe, sensibilise, fait de la recherche et promeut la coopération internationale dans ce domaine. Site web : www.iccrom.org
Conseil International des Archives Le Conseil International des Archives (ICA) a pour objectif principal de promouvoir la gestion et l’utilisation efficaces et performantes des documents, des archives et des données, quel que soit leur format, et de favoriser leur conservation en raison de leur valeur probante et leur statut de patrimoine culturel de l’humanité, et ce grâce à la coopération internationale, au partage d’expériences professionnelles, à la recherche et à l’échange d’idées sur la gestion et l’organisation des documents et des institutions archivistiques. Site web : www.ica.org
Quelques nouvelles relatives à la protection, la conservation et la valorisation du patrimoine culturel du Mali au niveau local, national , sous-regional ou international
#AboubaC’ART - Aboubacar Sangaré, Journaliste culturel indépendant, présente en langue Bambara une chronique sur Tombouctou la cité des 333 saints. Ville classée au patrimoine national et au patrimoine mondial de l’UNESCO. Retrouver cette chronique culturelle sur Facebook
https://web.facebook.com/share/v/1CzG6Jb1rd/ https://web.facebook.com/aboubacar.sangare.274298
𝟐𝟎𝟐𝟓 ANNEE 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐔𝐋𝐓𝐔𝐑𝐄 𝐀𝐔 𝐌𝐀𝐋𝐈 || 𝐋𝐄𝐒 𝐃𝐈𝐗 ACTIVITES 𝐏𝐇𝐀𝐑𝐄𝐒 𝐃𝐔 𝐏𝐑𝐎𝐉𝐄𝐓 𝐂𝐔𝐋𝐓𝐔𝐑𝐄 𝐌𝐀𝐋𝐈 𝟐𝟎𝟐𝟓
Lien vers la publication du Ministère de l’Artisanat, de la Culture de l'Industrie Hôtelière et du Tourisme : https://www.facebook.com/share/p/1F8gnwdc2H/
𝟐𝟎𝟐𝟓 𝐀𝐍𝐍𝐄́𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐔𝐋𝐓𝐔𝐑𝐄 𝐀𝐔 𝐌𝐀𝐋𝐈 || 𝐋𝐀𝐍𝐂𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐃𝐔 𝐏𝐑𝐎𝐉𝐄𝐓 𝐂𝐔𝐋𝐓𝐔𝐑𝐄 𝐌𝐀𝐋𝐈 𝟐𝟎𝟐𝟓
Lien vers la publication du Ministère de l’Artisanat, de la Culture de l'Industrie Hôtelière et du Tourisme : https://www.facebook.com/share/p/1DiMMfCUY5/
10 ème 𝗘𝗗𝗜𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗨 𝗙𝗘𝗦𝗧𝗜𝗩𝗔𝗟 𝗩𝗜𝗩𝗥𝗘 𝗘𝗡𝗦𝗘𝗠𝗕𝗟𝗘 𝗧𝗢𝗠𝗕𝗢𝗨𝗖𝗧𝗢𝗨 - 15 au 21 décembre 2025
Lien vers la publication du festival: https://www.facebook.com/share/p/15oMR3dgmK/
Festival des Masques et Marionnettes de Markala (FESMAMAS) du 15 au 21 avril 2025
Lien vers la publication: https://www.facebook.com/share/p/1H6vn6X5cD/
| Biens culturels | Classé au patrimoine national du Mali | Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO |
| La boucle du Baoulé | x | |
| Es-Souk | x | |
| Tombeau des Askia | x | x |
| Tombouctou | x | x |
| Villes anciennes de Djenné | x | x |
| Falaises de Bandiagara (pays dogon) | x | x |
| Cathédrale de Bamako | x | |
| L'église de Mandiakuy | x | |
| La cité historique de Hamdallahi | x | |
| La grande mosquée de vendredi de Niono | x | |
| La mosquée de Komoguel | x | |
| La réserve de biodiversité du parc du Bafing Makana | x | |
| La réserve de la biodiversité des éléphants du Gourma | x | |
| Le bassin du fleuve Niger (du seuil de Markala au lac Débo) | x | |
| Le fort de Médine | x | |
| Le réservoir naturel du lac Magui | x | |
| Le tata de Sikasso | x | |
| Sites historiques et paysages culturels du Manden | x | |
| Palsi présidentiel de Kouolba | x |
| Élément | Classé au patrimoine national immatériel | liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. |
| L'espace culturel du yaaral et du degal | x | x |
| La réfection septennale du toit du Kamablon, case sacrée de Kangaba | x | x |
| La Charte du Mandén, proclamée à Kouroukan Fouga | x | x |
| Les pratiques et expressions culturelles liées au balafon et au kolintang au Mali, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et en Indonésie | x | x |
| Les pratiques et savoirs liés à l’imzad des communautés touarègues de l’Algérie, du Mali et du Niger | x | x |
| La sortie des masques et marionnettes de Markala | x | |
| Sigi 2025 rite dogon | x | |
| Sinankouya 2021 | x |
Ici, nous vous proposons un resumé de livres, articles, documents lus pour vous
Ici nous vous proposons des portraits des personnes qui travaillent toujours à protéger, conserver ou valoriser le patrimoine culturel du pays dans des instituions publiques, privées ou tout simplement à titre individuel
M. Elhadj Mahamane SOUMAILA est titulaire d’une Licence en Anglais Unilingue de l’ex Faculté de Lettres Langues Arts et Sciences Humaines (FLASH) et d’un Master en Développement de l’Université Senghor d’Alexandrie, spécialisé en Gestion du Patrimoine Culturel. M. Soumaila travaille depuis 2011 dans le secteur du développement international, notamment auprès d’organisations internationales et de coopération bilatérale telles que USAID, Lux-Development, UNESCO, Sida (coopération suédoise), Mercy Corps, Search For Common Ground, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF). Ses domaines d'expertise comprennent la Gestion du Patrimoine Culturel, l'état de droit, la gouvernance démocratique, la consolidation de la paix, l'engagement civique, la sécurité humaine, la réforme du secteur de la sécurité, l'analyse des conflits et la gestion de programmes culturels.
Dans son parcours, il a servi à l’Agence Luxembourgeoise pour la coopération au développement (LuxDev) en tant qu’Assistant Technique du projet Mali015 Manuscrits de Tombouctou. Dans le cadre de ce projet, il a dirigé le soutien technique et financier du Grand-Duché du Luxembourg à la conservation physique et numérique des anciens manuscrits de Tombouctou, leur l'exploitation scientifique et leur intégration dans l'élaboration des politiques, stratégies et programmes de développement économiques, sociaux et culturels durables.
Monsieur Soumaila a également réalisé pour le bureau de l’UNESCO au Mali deux études dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réhabilitation du patrimoine culturel et de sauvegarde des manuscrits anciens du Mali, notamment une étude sur la confection de boîtes de conservation de manuscrits anciens et une sur le diagnostic des projets de conservation, valorisation et sauvegarde des manuscrits anciens du mali de 2010 à 2015
Plus d'informations sur mon profil sur Linkedin: www.linkedin.com/in/elhadj-mahamane-soumaila

N'hesitez pas à nous écrire pour toute demande d'informations complementaires, sollicitations, partenariat, collaboration, contribution ou soutien.
Le patrimoine culturel se conserve de différentes façons en fonction de la nature du bien. Conserver un bien, c’est le mettre à l’abri de la destruction volontaire ou involontaire, le restaurer lorsqu’il subit des dommages, lui réunir les conditions qui lui permettent de garder son intégrité et son authenticité et allonger ainsi sa durée de vie afin que les futures générations puissent en profiter. La conservation d’un patrimoine peut donc être préventive ou curative. Elle est préventive lorsqu’il s’agit de mesures de contrôle de l’environnement direct du bien (mode de construction du bâtiment, risques sismiques, température ambiante, dispositifs de sécurité, sensibilisation des agents, luminosité, etc.). Elle est curative lorsqu’il s’agit d’intervention sur le patrimoine lui-même (restauration) par exemple pour restaurer un tableau dégradé, colmater les fissures d’un bâtiment, renforcer le papier d’un manuscrit, reliure de parchemins, etc. chaque bien ou catégorie de bien nécessite un diagnostic préalable, une technique particulière de restauration avec des matériels et matériaux adaptés qui ne mettent en danger la vie du bien ou qui ne dénaturent pas son caractère patrimonial.
En ce qui concerne les documents, plusieurs techniques sont utilisées par les conservateurs pour dépoussiérer, enlever les traces d’eau et renforcer les supports. Avec l’avancée de la science il est possible d’assurer la conservation numérique des œuvres : les œuvres sont scannées ou photographiées selon des procédés et des normes bien déterminés puis stockés sur divers supports (cd, disque dur, serveurs) avec la possibilité de partage et de consultation sur le réseau internet. Même les collections des musées peuvent être numérisés et les images peuvent être visionnées et des visites virtuelles.
En ce qui concerne le patrimoine immatériel, les pratiques culturelles ne peuvent être conservées qu’à travers la pratique. On peut faire des enregistrements sonores, des vidéos de danse, des photos de costumes traditionnels ou des publications de vieilles recettes de cuisines. On conserve mieux le patrimoine immatériel en perpétuant sa pratique, en le transmettant aux jeunes. Les festivals culturels sont des occasions de faire vivre le patrimoine intangible d’un territoire à travers les danses, les dégustations de mets, les expositions de métiers traditionnels.
La conservation du patrimoine culturelimpose aussi des choix car les financements et les moyens techniques sont tres limités dans ce domaine. Des tris sont nécessaires pour déterminer ce qui mérite plus d’attention et présentent le plus d’intérêt aux yeux des communautés et des scientifiques. On ne peut pas tout conserver mais on peut conserver l’essentiel, ce qui parait indispensable aux yeux des communautés et réalisables par les conservateurs professionnels. Il faut conserver pour faire profiter le maximum de générations.